Publié aux Défis Du Samedi
Futur ibis chauve |
C'est
décidé quand je serai grand, je serai ibis.
Pas
n'importe quel ibis... pas un rouge d'Amérique ni un nippon made in
Taiwan mais un ibis chauve, un de ces échassiers à tête rouge
vêtus de noir un peu comme les bédouins.
Alors
sans me retourner je m'envolerai jusqu'à Palmyre pour aller aider la
dernière femelle - Zenobia - à enseigner la route migratoire à
quelques jeunes ibis rescapés.
Ce matin
on a passé la frontière dans un autobus hongrois; je n'ai pas
quitté la main de ma petite amie, celle qui m'a trouvé dans un
fossé il y a maintenant deux semaines, piaillant et ébouriffé.
Ici on
est bien traités et la nourriture est abondante, beaucoup trop pour
mon appétit d'oiseau; tout ça doit coûter cher et on ne sait même
pas qui paie tant la confusion est grande.
On
raconte que d'où je viens les gardes forestiers ont été chassés
du centre par des fanatiques et que la balise de Zenobia a cessé
d'émettre.
Je ne
suis qu'un maigre piaf mais quand j'aurai repris des forces, troqué
mon bec contre un plus grand et rallongé mes rémiges, je reviendrai
combattre cette injustice de toutes mes griffes, mes seules armes
mais elles en vaudront bien d'autres.
Ils ont
voulu détruire la mémoire des hommes mais l'ibis chauve renaîtra
et avec lui bien des espoirs...
Zenobia
et moi, nous nicherons dans ce qui reste des ruines des joyaux du
Moyen-Orient, et de nos cris rauques et nasillards nous ranimerons
l'espérance sur les sanctuaires reverdis.
Dans un
ciel sans nuages nous dessinerons un arc de triomphe bien vivant et
indestructible...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire