Publié aux Défis du samedi, un défi aux aromes de Xérès
Il
y a bien longtemps au sud de la Jalousie dans les méandres du
Guadalquivir qui vire un coup à droite un coup à gauche, un vieux
et noble vigneron nommé Palomino Xérès de la Frontera y Villaverde
del Rio y Juan del Barapute – Jerez pour les intimes – rencontra
lors de la fête des vendanges une "buena chica" aux yeux
de velours, la belle Maria de Cadix de la belle province de
Chica-Chica-Chic-Aye-Aye-Aye.
Il
fallait la voir dans la cuve en tenue folklorique fouler la récolte
de ses jolis pieds nus avec son beau sourire et son air engageant.
Jerez
la trouva belle puisqu'elle l'était et qu'il n'avait pas les deux
yeux dans le même sabot; aussi lui fit-il rapido-presto visiter ses
chais de vin blanc car il n'existe pas d'estampes japonaises en
Jalousie.
Il
l'emmena donc à sa bodega où elle put constater ses beaux dégâts
de visu mais "qu'importe le flacon" lui dit-elle –
conquise tas d'or – on va se marida car je ne veux pas d'un amant
et connaissant la musique elle ajouta Chica-Chica-Chic-Aye-Aye-Aye
!
Jerez
y mit deux conditions : "Tu cesseras ces
Chica-Chica-Chic-Aye-Aye-Aye
qui encombrent le récit et tu m'appelleras
Mon sherry en toute circonstance" et c'est ce qu'elle fit car
les circonstances ne manquaient pas en Jalousie.
Ayant
convolé – surtout par avion – en justes noces aux quatre coins
de la planète il fallut se résoudre à regagner la bodega.
Mais
après six mois de fût, Jerez (dit Mon sherry) fut surpris quand la
bise andalouse fut venue de constater que son vin avait tourné au
vinaigre; il en fut amer, d'humeur noire limite balsamique et Maria
en fut de même car elle faisait tout comme son sherry.
En
Jalousie les langues vont bon train et Jerez accusa aussitôt son
proche voisin – un certain Pedro y Dario Moreno ya Mustapha y
BrigitteBardo – d'avoir gâté sa récolte en leur absence.
Il
faut dire que Pedro lorgnait depuis longtemps sur Maria et avait vu
ce mariage d'un mauvais oeil car à force de lorgner il en avait
perdu un comme bien des hommes de Jalousie.
Par
une nuit plus noire que les autres limite balsamique, Jerez organisa
une expédition punitive sur les terres de son ennemi Pedro qui ne
dormait que d'un oeil mais le mauvais.
Il
lui perça ses cent fûts et s'en fut dans la nuit noire limite
balsamique.
De
retour à sa bodega il trouva la belle Maria en extase devant un
gaspacho copieusement arrosé de leur vinaigre; "Vois cette
couleur ambrée presque noire Mon sherry, goûte-moi cet arôme
puissant et boisé Mon sherry, c'est une tuerie Mon sherry !"
dit-elle en se pâmant.
Jerez
– dit et redit Mon sherry – goûta, eut-il
le temps de dire "What
else ?" et se pâma lui aussi car il le valait bien.
Une
fois dépâmés ils décidèrent d'appeler ce truc le vinaigre by
Palomino Xérès de la Frontera y Villaverde del Rio y Juan del
Barapute ou plus simplement le vinaigre de Xérès afin que
l'appellation rentre sur les étiquettes des bouteilles... et ça
rentra.
L'argent
aussi rentra, ils firent fortune en pesetas et eurent beaucoup de
niños et aussi de niñas pour respecter la parité et c'est tout.
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