mercredi 30 avril 2014

Kousket out?

En réponse au thème du site MilEtUne Histoires, d'après l'illustration suivante:
 


 

 
 
 
Chez les Coeur et surtout le père Pierre on était triste et lugubre, il faut dire qu'on était un peu gothiques aussi. D'ailleurs à l'époque on disait déjà malheureux comme le Pierre.
Dans la famille Coeur il y avait les gisants mais ils étaient tous bien morts et il y avait Jâcques reconnaissable à son drôle d'accent sur le 'a'.
Jâcques avait un penchant. Il passait son temps penché à la croisée à guetter on-ne-sait-quoi.
 
D'en bas, les françois qui le voyaient penché avec son drôle d'accent sur le 'a' lui demandaient: “Jâcques, frère Jâcques... Dormez-vous? Dormez-vous?”.
Qui des bretons lui demandaient “Kousket out? Kousket out?”, qui des alsaciens “Schlofsch du noch? Schlofsch du noch?“, qui des catalans “Desperteu? Desperteu?” ou qui des turcs “Kalksana? Kalksana?” et Jean passe et des meilleures car il y avait du passage!
 
Ce à quoi Jâcques répondait toujours avec son drôle d'accent sur le 'a': ”Je ne dors pâs, je guette on-ne-sait-quoi!”.
Alors qui des françois, des bretons ou des turcs demandaient: “Frère Jâcques, d'où tu es ainsi penché, ne vois-tu donc rien venir?”
Jâcques répondait avec cet accent sur le 'a' qui devenait franchement pénible à préciser à chaque fois: “Je ne vois que l'herbe qui verdoie, le soleil qui poudroie et ma vue qui merdoie”.

Il faut dire que chez ces gens-là - d'abord y a l'aîné avec un drôle d'accent sur le 'i', puis y a l'autre et puis les autres - la vue merdoyait beaucoup et qu'elle leur avait valu une belle déculottée à la bataille d'Azincourt.
Mais derrière sa fenêtre, Jâcques était libre dans sa tête et s'endormait peut-être comme le chanta le ménestrel de l'époque Johan de Hallyday.
Seule Macée de Léodepart et son teint d'ivoire lui feront tourner la tête et avec un blaze pareil, chacun en eut fait autant...
On pourrait croire que les Léodepart (en latin Panthera) vivaient en Afrique ou en Asie, pourtant à ce qu'on dit Macée était flamande, légère et onctueuse comme bien des tartes.
 
De ce jour, Jacques perdit son accent - et c'est tant mieux - et quitta sa fenêtre pour aller faire ses affaires de par le monde ainsi que cinq chiards à chacun de ses retours... enfin, c'est ce que Jacques a dit.
 
Macée se languissant - on lui doit l'expression Loin des yeux, loin du Coeur - elle fit ériger le buste de son chéri d'amour à la fenêtre pour donner le change.
Aujourd'hui on appelle ça un trompe l'oeil.
 
Si vous passez un jour par Bourges - capitale du Berry - vous ne pourrez pas rater la grand'maison que Jacques habita peu puisqu'après avoir magouillé dans la finance, croupi en tôle avant de s'évader, il alla se faire voir chez les grecs.

La fin est un crève coeur, alors l'histoire s'arrêtera là.  

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