Publié aux Impromptus Littéraires sur le thème Lointains
Je
ne sais qui avait mis un banc ici ni pourquoi je m'y étais assis.
Au
début il n'y avait rien, rien que cette ligne conceptuelle qu'on
appelle horizon et qui sait nous rappeler combien notre vision du
monde est étriquée.
J'adore
les gens qui vous proposent un tour d'horizon comme s'il s'agissait
d'une promenade de santé ; j'adore ces mêmes gens qui vous
parlent d'horizons lointains comme s'il y en avait de plus proches.
Qui
n'a pas rêvé d'un horizon à portée de main contrairement aux
rêveurs ?
Alors
j'ai quitté mes lunettes bien inutiles et j'ai laissé courir mon
regard – le peu qu'il en restait – comme une caresse sur cette
frange embrumée... et j'ai fini par les voir.
Je
les ai vues ces têtes blondes irradiées au franc soleil végasien :
Luca, Oliver, Matisse et puis Remy, Emma et la petite Abigail qui
grandit trop vite.
Leurs
bras s'agitaient, semblaient tirer sur une corde interminable; on eut
dit qu'ils m'appelaient – peut-être m'appelaient-ils d'ailleurs –
on dit que je suis un peu dur de la feuille.
Pourquoi
dis-je «peut-être m'appelaient-ils d'ailleurs?». S'ils m'avaient
appelé d'ici j'aurais été aux anges et n'aurais pas fait tant de
cas de ce foutu horizon!
Leurs
parents, leurs amis, tous étaient là qui s'agitaient dans un joyeux
désordre.
Et
puis mon regard s'est embrouillé si tant est qu'il ait pu
s'embrouiller plus.
J'ai
toujours du mal à quitter mes lunettes excepté quand je dors ;
alors j'ai mis ce brouillard sur le compte de ma vue déclinante.
L'horizon
les avait avalés.
Malgré
le soleil un froid soudain me glaçait les os. J'ai quitté ce banc
qu'on avait planté là sans raison apparente et j'ai repris plein
Est le chemin de la maison.
Bientôt
j'irais les voir tous... à l'autre bout de la corde.
magnifique - j'adore
RépondreSupprimerMerci frangine !
SupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimer