mardi 22 novembre 2016

Tornado




Une nuit je m'étais réveillé en sursaut alors qu'en bon justicier je sauvais pour la millième fois la veuve et l'orphelin des griffes du sergent Garcia... la routine, quoi.
Je réalisai soudain que ce De la Vega ne pouvait être que de ma famille puisqu'on portait le même nom... mon héros était mon ancêtre et forcément j'étais son héritier!

A la première heure je fonçai chez Irma Ladousse dite Irma qui possédait entre autres dons celui de prédire l'avenir dans les cartes d'un jeu de mille bornes et de voir dans le passé au fond d'un bol de café nauséabond que masquait une omniprésente odeur de soufre.
Certains disaient qu'elle fuyait les chats comme la peste et les repoussait d'une traînée jaunâtre sur le pas de son officine; d'autres racontaient que l'odeur venait de la réputation sulfureuse d'une vie antérieure où elle se serait appelée Zahia et michetonnait dans les alcôves de Sodome et Gomorrhe...
Bref après avoir écouté mon histoire elle me persuada à juste titre qu'en cherchant le cheval, je trouverais le cavalier.
J'ignore comment elle put voir l'animal noir dans sa mixture noire mais elle m'indiqua ce lieu où je ne serais jamais allé le chercher: à la cave!

Il était froid, raide et poussiéreux mais il était bien là comme elle l'avait dit, celui que je chevauchais et que j'éperonnais dans le grand couloir de la maison familiale... je devais avoir huit ans et des poussières aussi.
Son nom rutilait encore en lettres chromées sur la bakélite usée par tant de cavalcades pour rattrouper les moutons sous les lits: notre Tornado !
J'eus beau retourner tout le bric à brac je ne trouvai rien d'autre du cheval que quelques accessoires de l'aspirateur – je devrais dire l'inspirateur – de ma jeunesse.
En remontant de la cave j'ai croisé notre concierge en train de conduire son attelage de poubelles, un certain Garcia!
Sur son tee-shirt moulant bandé par un muscle Kronembourg mâtiné sangria il y avait une initiale tarabiscotée, certains auraient pu y voir un Z.
Je réalisai que j'ignorais le prénom de celui qui gardait l'immeuble depuis plus de vingt ans.
Ça pouvait aussi bien être Zinedine que Zacharias ou... le nom signé de la pointe de l'épée de mon ancêtre surgi hors de la nuit !!
Alors mon héros habitait l'immeuble, partageait mon toit, mon gardien, mes charges locatives?
Je fonçai chez Irma – ça devenait une habitude – et la trouvai en plein orgasme tantrique avec deux clients que je n'osai déranger.
Pourtant j'avais reconnu l'un d'eux, Bernardo mon voisin de palier mais je repartis sur la pointe des pieds, ne voulant pas bousculer leurs chakras.

Le lendemain matin c'est Irma qui m'appela au téléphone :”Bernardo a parlé” me dit-elle avec un accent victorieux plus Sodome que Gomorrhe.

J'étais stupéfait. La séance avait dû être torride pour que Bernardo, muet de naissance se soit exprimé.
“Comment est-ce possible?” demandai-je, sidéré.
“Secret professionnel” me répondit Irma en déveine de confidences.
Je devais savoir : “Mais qu'a t-il dit, Bon Dieu?”
“Je n'ai rien entravé à ses gestes” chuchota t'elle sur le ton du secret “mais j'ai pigé qu'il échange des SMS avec votre héros et que Bernardo lui aurait écrit la dernière fois: Faudrait que tu arrêtes de m'appeler en masqué, c'est chiant”
J'étais déçu, écoeuré.
Il ne me restait plus qu'à cuisiner Garcia. Ce portos allait cracher le morceau ou je ne m'appelais plus Vegas!

1 commentaire:

  1. Le coup de l'appel masqué... #mouhaha !
    C'est signé à la pointe de l'épais ;)

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