Publié aux Impromptus Littéraires
Une
nuit je m'étais réveillé en sursaut alors qu'en bon justicier je
sauvais pour la millième fois la veuve et l'orphelin des griffes du
sergent Garcia... la routine, quoi.
Je
réalisai soudain que ce De la Vega ne pouvait être que de ma
famille puisqu'on portait le même nom... mon héros était mon
ancêtre et forcément j'étais son héritier!
A
la première heure je fonçai chez Irma Ladousse dite Irma qui
possédait entre autres dons celui de prédire l'avenir dans les
cartes d'un jeu de mille bornes et de voir dans le passé au fond
d'un bol de café nauséabond que masquait une omniprésente odeur de
soufre.
Certains
disaient qu'elle fuyait les chats comme la peste et les repoussait
d'une traînée jaunâtre sur le pas de son officine; d'autres
racontaient que l'odeur venait de la réputation sulfureuse d'une vie
antérieure où elle se serait appelée Zahia et michetonnait dans
les alcôves de Sodome et Gomorrhe...
Bref
après avoir écouté mon histoire elle me persuada à juste titre
qu'en cherchant le cheval, je trouverais le cavalier.
J'ignore
comment elle put voir l'animal noir dans sa mixture noire mais elle
m'indiqua ce lieu où je ne serais jamais allé le chercher: à la
cave!
Il
était froid, raide et poussiéreux mais il était bien là comme
elle l'avait dit, celui que je chevauchais et que j'éperonnais dans
le grand couloir de la maison familiale... je devais avoir huit ans
et des poussières aussi.
Son
nom rutilait encore en lettres chromées sur la bakélite usée par
tant de cavalcades pour rattrouper les moutons sous les lits: notre
Tornado !
J'eus
beau retourner tout le bric à brac je ne trouvai rien d'autre du
cheval que quelques accessoires de l'aspirateur – je devrais dire
l'inspirateur – de ma jeunesse.
En
remontant de la cave j'ai croisé notre concierge en train de
conduire son attelage de poubelles, un certain Garcia!
Sur
son tee-shirt moulant bandé par un muscle Kronembourg mâtiné
sangria il y avait une initiale tarabiscotée, certains auraient pu
y voir un Z.
Je
réalisai que j'ignorais le prénom de celui qui gardait l'immeuble
depuis plus de vingt ans.
Ça
pouvait aussi bien être Zinedine que Zacharias ou... le nom signé
de la pointe de l'épée de mon ancêtre surgi hors de la nuit !!
Alors
mon héros habitait l'immeuble, partageait mon toit, mon gardien, mes
charges locatives?
Je
fonçai chez Irma – ça devenait une habitude – et la trouvai en
plein orgasme tantrique avec deux clients que je n'osai déranger.
Pourtant
j'avais reconnu l'un d'eux, Bernardo mon voisin de palier mais je
repartis sur la pointe des pieds, ne voulant pas bousculer leurs
chakras.
Le
lendemain matin c'est Irma qui m'appela au téléphone :”Bernardo a
parlé” me dit-elle avec un accent victorieux plus Sodome que
Gomorrhe.
J'étais
stupéfait. La séance avait dû être torride pour que Bernardo,
muet de naissance se soit exprimé.
“Comment
est-ce possible?” demandai-je, sidéré.
“Secret
professionnel” me répondit Irma en déveine de confidences.
Je
devais savoir : “Mais qu'a t-il dit, Bon Dieu?”
“Je
n'ai rien entravé à ses gestes” chuchota t'elle sur le ton du
secret “mais j'ai pigé qu'il échange des SMS avec votre héros et
que Bernardo lui aurait écrit la dernière fois: Faudrait que tu
arrêtes de m'appeler en masqué, c'est chiant”
J'étais
déçu, écoeuré.
Il
ne me restait plus qu'à cuisiner Garcia. Ce portos allait cracher le
morceau ou je ne m'appelais plus Vegas!
Le coup de l'appel masqué... #mouhaha !
RépondreSupprimerC'est signé à la pointe de l'épais ;)