Dans
l'euphorie générale la chef de cabine annonça le survol du
Planchón-Peteroa,
un volcan actif de la cordillère des Andes.
Depuis
le décollage du vol 571 à Montevideo on marchait à la grappa et à
l'alcool de canne... alors le volcan – pensez-donc – on l'avait
surtout dans le gosier et le commandant de bord aussi.
“Pas
d'malaise” annonça la chef de cabine “le commandant navigue à
l'estime... il a le compas dans l'oeil et le tachymètre dans
l'autre!”
A
côté de moi Germaine serrait les fesses comme tous ceux pour qui
ont connu leur baptême de l'air.
Elle
se faisait une joie de ce voyage, elle m'avait tellement bassiné
avec son Santiago du Chili con
carne!
“On
est pas un peu bas?” demanda t-elle à un stewart de passage.
“Vous
devriez redresser votre siège” lui dit-il sur le ton monocorde
qu'adoptent tous les stewarts de passage.
Germaine
balisait :”Je suis pas sûre que relever mon siège nous fasse
voler plus haut”.
“C'est
juste une procédure au cas où” répliqua en passant le stewart de
passage.
Germaine
avait blêmi malgré la grappa et l'alcool de canne :”Au cas où
quoi??”
Déjà
une hôtesse titubante distribuait une nouvelle tournée de grappa.
Une
fois passée la couche de nuages le sommet du Planchón-Peteroa
approchait de nous ou le contraire, ce qui revenait au même.
Au
fond du zinc une équipe de rugby dopée à la grappa déconnait à
plein tube en plaquant les hôtesses.
Comme
on commençait à descendre il y eut une grosse vibration sur l'aile
gauche.
“C'était
notre aile“ fit remarquer Germaine en grinçant des dents alors
qu'un premier pic rocheux arrachait un bout d'aile.
“Pas
d'malaise” bredouilla la chef de cabine “avec un peu de chance la
dérive n'a pas été touchée”
Germaine
eut un hoquet avant de vomir : “C'est important la dérive ?“
Comme
j'ignorais à quoi ça servait je levai mon verre de grappa histoire
de faire diversion “A notre dérive !” mais le cœur n'y
était pas.
Un
second sommet de glacier arracha l'aile droite dans un craquement
sinistre.
Je
tentai de rassurer Germaine :”Au moins la droite... c'est pas la
nôtre”
“Pas
d'souci” cria la chef de cabine “il nous reste le fuselage, nous
devrions nous poser très rapidement”
Germaine
pleurnichait : “C'est important le fuselage ?“
“C'est
là où nous sommes“ lui dis-je d'une voix rassurante « alors
c'est déjà ça»
Effectivement
on se planta après une longue glissade sur un glacier à 3600 mètres
d'altitude dans un paysage à couper le souffle... alors forcément
on eut le souffle coupé.
Il
était midi et moi j'avais l'estomac qui gargouillait... on allait
pas tarder à bouffer !
De l'omelette norvégienne ?
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