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(Soupir hugolien) |
“Et
bien on va reprendre depuis le début!”
(Soupir
hugolien)
“Nom,
Prénoms?”
“Hugo...
Victor”
“Recommençez
pas à m'embrouiller! Le nom c'est Victor ou c'est Hugo?”
“Hugo,
prénoms Victor, Marie”
“Marie?
Avec un 'e' à la fin?”
“Oui,
comme Marie Tudor”
“Peu
importe que vous dormiez. C'est original mais admettons! Né où ça?”
“Dans
le Doubs”
“Dans
le doute on met quoi?”
“Dans
le Doubs... Besançon, écrivez Besançon avec une cédille”
“Permettez
que j'écrive Besançon avec mon stylo. Alors Besançon, là où sont
nés les frères Lumière?”
“C'est
ça”
“Comme
ça au moins c'est clair... Profession?”
“Vous
avez du temps?”
“Pourquoi
ça?”
“Euh...
ma profession c'est:
Ecrivain-romancier-poète-dramaturge-pamphlétaire-dessinateur-sénat...”
“Oh
Oh Oh Oh! Doucement! Combien de 'f' à panflétaire?”
“Mettez-en
deux comme dans truffe”
“Et
cette maison... Hauteville House... locataire je suppose?”
“Propriétaire
en exil depuis 1856”
“Pffuii...
vous avez pas l'air misérable pour un exilé”
(Soupir
hugolien)
“Je
n'ai pas à me plaindre. J'ai travaillé pour ça et puis je paie une
redevance féodale de deux poules par an à la reine”
“Des
poules, Monsieur Victor? J'ai effectivement entendu parler de ça...
des poules pour un chaud lapin, n'est-ce pas?”
(Soupir
hugolien)
“Sans
l'amour l'homme n'existe guère.”
“C'est
quoi en fait votre boulot à part exilé? Coureur de poules?”
“J'écris”
“Quoi
par exemple?”
“Euh...
les Châtiments”
“Les
châtiments c'est notre affaire Monsieur Victor, chacun son métier.
Quoi d'autre?”
“Et
bien, les Contemplations”
“Les
contemplations? Vous voulez dire les filatures, les planques... ça
c'est aussi notre affaire Monsieur Victor, chacun son métier. Autre
chose de plus personnel?”
“Vous
avez du temps?”
“Pourquoi
ça?”
“Parce
que je fais des vers aussi”
“C'est
pour ça que vous vous tenez la tête comme ça? Vous verrez ce
problème avec le médecin-chef”
“Euh...
non, des vers, de la poésie, enfin des alexandrins”
“Et
ça raconte quoi par exemple?”
“Un
exemple? C'est que j'ai déjà écrit cent cinquante mille vers... à
peu près six par jour”
“En
effet. Il faudra vous faire soigner Monsieur Victor. Et un peu de
correspondance?”
“Ah
oui, ça. Beaucoup de correspondance”
“Très
beaucoup?”
“Environ
vingt mille”
“Vingt
mille mots?”
“Euh...
Non, vingt mille lettres”
“Les
mots et les lettres, c'est pas la même chose?”
“Pour
un écrivain, non”
“J'étais
sûr que vous alliez chercher à m'embrouiller! Venons-en aux faits:
J'ai ici une plainte des descendants d'un dénommé Gavroche
Thénardier dont vous auriez forcé le père à s'exiler aux
Etats-Unis... vous-même exilé à Guernesey! Ca fait pas un peu
beaucoup d'exilés tout ça, Monsieur Victor?”
“Euh...
Hugo, pas Victor”
“Si
vous voulez... Autre chose d'important Monsieur l'écrivain?”
“Oui
quand même... Notre-Dame de Paris”
“Alors
vous, vous êtes gonflé! Chacun sait que c'est Plamondon, Théophile
Plamondon.
J'me
souviens surtout du début, la scène paillarde de la fête des fous
avec le prélat déguisé. Vous n'auriez pas pu écrire ça avec vos
vers, Monsieur Victor”
(Soupir
hugolien)
“Bon
et bien on va s'arrêter là car c'est l'heure du thé... on
reprendra tout ça plus tard, Monsieur Victor Marie avec un 'e' ”
Le
gendarme sort, laissant le grand homme désemparé.
“Hé,
Javert! Tu prendras la suite! Je sens que ça va être galère avec
ce type!”
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